Lorsque je laisse libre court à mon imagination, la petite plume qui vit en moi s'essaye à toutes sortes d'écrits et explore des domaines littéraires très variés : nouvelles policières, contes, écrits divers (etc.) et même une fan-fiction, "Un Grain de Sable", dans laquelle j'ai entièrement réécrit une célèbre série TV !
Voici quelques morceaux choisis...
(nouvelle publiée - 1ères lignes)
« Madame ?.... »
La voix semble venir d’un univers proche et lointain à la fois. Je flotte dans un brouillard opaque.
Par moments, des éclairs lumineux zèbrent l’obscurité de manière fugace. Mes oreilles sont comme emplies de coton épais.
« Madame, vous m’entendez ?... »
Le son est un peu plus net. Comme au sortir d’un mauvais rêve, je regagne doucement la réalité tel un plongeur qui se résout à quitter son monde paisible, luttant contre la pression et les courants pour retrouver la surface. Mes neurones éparpillés se ré-assemblent lentement à la manière d’un puzzle, mais chaque nouvelle connexion amène une sensation désagréable, voire douloureuse dans mon corps. Oh oui ! Très douloureuse en fait! Je laisse échapper un gémissement.
« Ouvrez les yeux ! »
« Minute, papillon !... », ai-je envie de rétorquer. Un halo lumineux envahit progressivement mon champ de vision. Sous mes paupières closes, les couleurs de l’arc-en-ciel se mettent à défiler en boucle et en accéléré. Incapable de la moindre réflexion sur ce qui vient de se produire, je ne suis qu’une boule de sensations confuses. Celle qui domine très largement les autres est sans conteste la douleur qui écrase et vrille mon crâne tout à la fois.
« Allez Madame, un petit effort... »
La voix s’est un peu radoucie et comme mon puzzle neuronal a progressé ces dernières secondes, je détecte maintenant une légère chaleur qui émane de mon avant-bras gauche : la douce pression d’une paume de main. Enfin une sensation agréable ! Cela me donne un petit regain d’énergie et je parviens à soulever une paupière.
Flou. Tout est lumineux, mais flou. Au prix d’un gros effort, ma seconde paupière s’ouvre à son tour et mes yeux accommodent lentement. Se dessine alors le visage d’un inconnu penché sur moi. Il est tout en blanc et semble bienveillant.
Serait-ce un ange ?
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(nouvelle primée - 1ères lignes)
Caroline est morte la semaine dernière. Ma meilleure amie a été assassinée.
Il paraît que si j’arrive à coucher cette réalité sur le papier, j’irai mieux. C’est du moins ce qu’affirment mes parents. Mon regard hébété et mon mutisme persistant leur ont sûrement fait craindre le pire... et ils m’ont lancé un ultimatum : « Tu trouves par toi-même le moyen de te libérer, ou on appelle un professionnel dans ce domaine ! ». Un psy, donc. Peu importe le suffixe. En « iatre » ou en « logue », un psy reste un psy : un inconnu qui va tenter de s’introduire dans ma tête pour décortiquer mes pensées et mon inconscient. Hors de question !
J’ai donc choisi de parler... mais en silence.
Ma voix sera mon crayon et l’auditoire, vous : des lecteurs imaginaires... Il est bien évident qu’aucune personne réelle ne devra lire ce texte. Trop intime. Trop dangereux.
Lorsque j’en aurai fini, je brûlerai mes écrits dans la cheminée. Notre hiver est tellement glacial qu’elle fonctionne jour et nuit. J’ai hâte de voir ces feuilles partir en fumée, accompagnées des douloureux souvenirs qu’il me faut exorciser pour pouvoir aller de l’avant...
Ainsi donc, chers lecteurs imaginaires, ma douce Caroline est morte. Étranglée dans son salon. Des mots aussi simples que tragiques. Les voilà écrits maintenant. Et je ne me sens pas mieux pour autant. Il faut dire qu’un élément vient ajouter de l’horreur au drame que nous vivons tous.
Caroline connaissait son assassin. La police est formelle. Rendez-vous compte ! Une personne de sa famille ou de ses amis a été capable de la tuer. De serrer, serrer encore, et plus fort sa gorge, jusqu’à lui briser le cou. Quelqu’un de proche, en qui elle avait confiance... qui a froidement soutenu son beau regard bleu, seconde après seconde, à mesure que la vie la quittait... Et cette personne est là, cachée parmi nous. À jouer le désespoir, tout en se réjouissant secrètement de l’acte monstrueux commis...
Qui ?
Cette question nous agite tous, nous les proches de Caroline, mais la police aussi, bien sûr. Un inspecteur de la Criminelle et son adjoint sont arrivés en ville le lendemain de sa mort pour mener l’enquête. L’inspecteur nous interroge les uns après les autres, tandis que son collègue prend des notes. Un vrai binôme de série télévisée, en somme. Sauf qu’on est dans la réalité. Ils ont bien sûr essayé de me poser quelques questions : pour toute réponse, ma bouche s’est ouverte, sans laisser échapper aucun son. Heureusement, le duo s’est montré conciliant et n’a pas insisté.
Je voudrais pouvoir leur parler, pourtant.
J’aurais tellement de choses à dire. Tellement à raconter.
Au sujet de Caroline, tout d’abord...
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(1ères lignes)
J'ai proposé cette nouvelle pour le concours "Loir-Littéraire" 2018, sur le thème "la différence"...
« Enfin, le voilà ! » soupira Maximilien en jetant un coup d’œil à l’imposante horloge du parc. Quinze minutes ! C’était la première fois que La Grande Ficelle avait autant de retard... Max ne saurait jamais pourquoi le jeune homme longiligne aux cheveux blonds traversait ce parc tous les soirs à 17 heures pile, mais cela lui était bien égal.
La Grande Ficelle portait sa tenue habituelle : pantalon, chemise et veste pliée sur le bras. Pas étonnant avec cette chaleur ! On n’était encore qu’au mois de juin, mais les rayons du soleil brûlaient déjà les rues et les maisons de la ville. Cela ne dérangeait pas Max, bien au contraire... Le jeune curieux étendit encore un peu plus son cou : il ne pouvait distinguer le visage de La Grande Ficelle, mais étudia attentivement son attitude... Hormis une démarche légèrement plus rapide qu’à l’accoutumée, tout paraissait normal.
Maximilien reporta alors son regard de l’autre côté du parc, là où était assise La Petite Poupée. Elle arrivait tous les jours vers 16 heures trente et s’installait sur ce banc, astucieusement placé à l’ombre d’un majestueux saule pleureur. Elle restait là une bonne heure, à lire sans jamais lever la tête, avant de gagner la sortie et de disparaître dans la cité fourmillante. Ce soir comme tous les autres, la jeune femme brune était plongée dans un épais livre à la reliure dorée. Elle ne prêtait aucune attention à ce qui l’entourait : ni aux oiseaux qui chantaient, ni aux promeneurs qui arpentaient les allées.
Ainsi, chaque jour, sous les yeux ronds de Max, la même scène se répétait à l’identique : La Grande Ficelle passait devant le banc de bois sans remarquer La Petite Poupée et sans qu’elle le remarque.
« Désespérant », gémit-il une fois que La Grande Ficelle eût franchi les grilles et disparu de son champ de vision. Cela faisait maintenant deux semaines qu’il les surveillait attentivement, sans que rien de nouveau ne se produise. Pourtant Max en était sûr et certain : ces deux-là étaient faits l’un pour l’autre. Il était incapable d’expliquer pourquoi, mais il l’avait senti dès qu’il les avait repérés le premier soir. Comme une évidence. Ils ne tarderaient donc pas à le réaliser, eux-aussi... C’est du moins ce qu’avait pensé Max au début.
Chaque jour, après sa sieste, il s’installait donc à son poste favori, situé au centre du parc, légèrement en hauteur et en plein soleil. Chaque jour, il les observait et espérait. Un regard, un sourire, quelque chose, n’importe quoi pourvu que cela crée un contact entre eux. En vain.
La Grande Ficelle passait. La Petite Poupée lisait. « Ils ne peuvent pas s’aimer s’ils ne se voient pas. Pourquoi ne se voient-ils pas ?... », se demanda Max en regagnant sa maison, complètement dépité.
« Tu rentres bien tard, dis donc !..., s’écria Marinette dès qu’elle vit Maximilien. Tes tourtereaux auraient-ils enfin fait un brin de causette ?
– Très drôle maman..., soupira Max. Eh non ! C’est juste Lui qui avait du retard. Marinette se rapprocha de son fils et reprit avec une douceur toute maternelle.
– Tu devrais passer à autre chose, mon chéri... Je sais bien que tu es un grand romantique, mais tu ne peux pas tout ! En plus, d’après ce que tu m’as dit, ils sont très différents, tous les deux. Peut-être trop...
– Et alors ? Les opposés s’attirent, c’est bien connu... Il faut juste donner un petit coup de pouce au magnétisme ! Je pourrais peut-être les aider... Sa mère ouvrit grand les yeux... et éclata de rire.
– Toi ? Maximilien ? Tu pourrais les aider !? Mais Marinette se reprit bien vite devant l’air déterminé de son fils.
– Enfin Max... Regarde-toi ! Comment peux-tu penser une seule seconde pouvoir faire quelque chose...
– Merci de ton soutien ! Rétorqua son fils, furieux et déçu.
– Je ne te comprends pas, gémit Marinette. Qu’est-ce que ça peut bien te faire que ces deux-là tombent amoureux ? Cela ne nous concerne pas. Ils ne font pas partie de notre monde, tu le sais bien...
– Ce n’est pas parce qu’on ne se ressemble pas qu’on ne doit pas s’entraider !
– Oui, bien sûr. Mais là, on parle de deux humains, Max !...
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(début)
Ce conte a eu beaucoup de succès chez les petits et grands qui l'ont lu. J'ai d'ailleurs écrit par la suite un recueil d'autres "contes en question"...
Il était une fois la petite méduse Cénidia, qui vivait depuis la nuit des temps dans les profondeurs sombres de l’océan. Nul ne savait quand elle était née et nul ne pouvait prédire sa disparition, car Cénidia avait la capacité de régénérer sans fin ses cellules : elle était immortelle...
Seuls les rayons du soleil avaient le pouvoir de la blesser. Justement, à cette époque très lointaine, leur éclatante lumière inondait continuellement le ciel, la terre, et la surface des océans sur notre planète. Cénidia se cachait donc dans l’obscurité des abysses, en compagnie de nombreux amis appartenant à la faune sous-marine. Mais eux n’étaient pas immortels et au fil des années, puis des siècles et des millénaires, Cénidia vit disparaître l’ensemble de ceux qui lui étaient chers. Un jour, elle se retrouva toute seule au fond de l’eau.
La petite méduse lutta alors courageusement pour surmonter son chagrin, mais après quelques temps, écrasée par le poids d’une solitude qu’elle savait éternelle, Cénidia décida d’en finir. Elle remonta donc les courants et se rapprocha d’un îlot posé sur l’océan. Puis elle se laissa porter par les vagues et s’échoua enfin sur le sable brûlant, offrant son corps à une mort certaine...
Bouleversé, le Soleil replia alors immédiatement l’un de ses rayons, afin de créer une ombre protectrice au-dessus de Cénidia. Puis il s’abaissa dans le ciel et s’adressa à la petite méduse désespérée :
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J'ai proposé cette micro-nouvelle au concours Radio-France 2018, sur le thème : « un nouveau monde ».
Avez-vous déjà entendu parler de la PTT ?
Eh bien, naguère, la Poste pour Toutes Tristesses traitait les peines du monde entier. Des lettres contenant les larmes de personnes en souffrance arrivaient sans cesse. Des employés triaient alors ce courrier des pleurs, puis l’acheminaient vers la Centrale du Réconfort.
Un matin, l’un des chefs de la PTT remarqua une lettre qui dépassait du grand tas de missives accumulées durant la nuit. Il saisit alors l’enveloppe pour la remettre en place. Mais il y avait du chagrin dans cette lettre. Beaucoup de chagrin... Elle était trop lourde, trop humide... et le papier se déchira.
L’eau de larme perla tout d’abord goutte-à-goutte, puis forma un mince filet qui se mit à couler sans fin. Le ruisseau grandit, se faisant plus fort et puissant, jusqu’à devenir un torrent de larmes qu’on ne pouvait arrêter, ni contenir...
Ainsi disparut la PTT, engloutie par les flots de ce grand chagrin qui donna naissance à un nouveau monde : notre monde, où plus personne ne recueille les larmes et où chacun doit apprendre, seul, à trouver une source de réconfort...
Il m'a servi à animer une séance scolaire "acrostiche" avec des enfants de cours élémentaire.